Une expérimentation très attendue

Dans la foulée de la première reconnaissance de la Télécardiologie en 2009, de nombreux médecins ont pensé que la prise en charge de l’acte de suivi des patients porteurs de stimulateurs et défibrillateurs allait suivre rapidement. La route a été plus longue…

Pour quelles raisons ?

A. Lazarus : Dès l’origine le CNPC1, qui réunit le SNSMCV2 et la SFC3, a pris l’initiative. De nombreuses rencontres avec l’UNCAM4, la HAS5, la DGOS6 et d’autres structures ont été entreprises. Elles ont généralement recueilli un fort intérêt de principe mais la création de l’acte ne pouvant se faire sans remboursement de l’Assurance maladie, les conditions d’une décision ont été difficiles à réunir. Nous avons dû plaider cette cause à de nombreuses reprises et le soutien notamment du CNOM7, et de Jacques Lucas son vice-président chargé des nouvelles technologies, a été un appui significatif. Pour conforter ces actions, des publications se sont régulièrement succédées.

En 2011, la Charte de Télécardiologie posant les bases du consensus et donnant des outils pratiques aux décisionnaires, a été complétée en 2012 par une réflexion sur le volet économique de la prise en charge. Différents scénarios de ce que serait une rémunération équilibrée de l’acte y étaient étudiés. C’est à cette occasion que le forfait est apparu comme faisant l’objet d’un large consensus.

Que s’est-il passé ensuite ?

Une autre étape fut franchie en 2015 quand les recommandations internationales ont évolué dans le sens de la reconnaissance de la télécardiologie comme la référence de traitement mais il a cependant fallu attendre fin 2016 pour que la phase décisive commence.

Comment cela s’est-il traduit ?

A l’initiative de la DGOS des rencontres se sont alors tenues à un rythme rapide dont le fruit est le projet d’expérimentation que nous connaissons aujourd’hui. Mis en place fin 2017 avec la publication de l’arrêté ETAPES, il institue la prise en charge pour une période maximale de 4 ans, avec vocation à l’issue d’entrer dans le droit commun.

Quel est le rôle des Professionnels de Santé ?

C’est aux professionnels de santé à présent de faire la mise en conformité des patients déjà inclus ou pour ceux qui débutent, à sa mise en place. C’est une charge non négligeable mais le verrou économique ayant sauté, la télésurveillance peut enfin se développer sur des bases économiques justes et trouver sa place dans une médecine de qualité et modernisée.

Je me réjouis d’observer que d’ores et déjà registres et méta-analyses ont montré l’augmentation de l’espérance de vie des patients, mieux suivis grâce à la télécardiologie.

Qui s’en plaindrait ?

Dr Arnaud LAZARUS
Rythmologue interventionnel
Clinique Ambroise-Paré
(Neuilly-sur-Seine)
1 CNPC : Conseil National Professionnel de Cardiologie
2 SNSMCV : Syndicat National des Spécialistes des Maladies du Cœur et des Vaisseaux
3 SFC : Société Française de Cardiologie
4 UNCAM : Union nationale des caisses d’assurance maladie
5 HAS : Haute Autorité de Santé
6 DGOS : Direction générale de l’offre de soins
7 CNOM : Conseil National de l’Ordre des Médecins